Hello,
Ca fait littéralement des mois que j’ai envie d’écrire cet article, qui dirait « de mon licenciement économique à mon nouveau boulot, cette incroyable épopée ». Mais la réalité est là, après un énième refus dans les dents via un petit mail de 2 lignes et un tutoiement parce que C’EST VACHEMENT PLUS SYMPA DE TUTOYER LES CANDIDATS, je fonds en larmes au milieu du parc Montsouris juste après mon footing. Avant que je réalise que je suis en train de pleurer en public, un autre coureur vient me voir « Ca va mlle ? » « Oui oui, heu…. C’est juste une petite douleur au genou » « Ah mais si vous avez mal, faut vous arrêter de courir hein, vous savez, hein ? » PUTAIN MERCI JOSE, HEUREUSEMENT QUE T’ES LA ! Bref, en ce moment c’est plutôt la traversée du désert, le « post-covid », « le début de la crise économique », la route du chômage qui s’allonge à perte de vue.
Je me rappelle très bien m’avoir dit fin d’année 2019, « bah dis donc, vu la tragi-comédie de cette année 2019, ça pourra pas être pire… Vivement 2020 ! » Eh bah les amis, c’est ce qu’on appelle avoir un don de voyance dans le milieu !
Le début avait pourtant bien commencé, avec ce voyage magnifique de 12 jours qu’on a fait avec mon ancienne collègue Doria, devenue mon amie… On pensait tout laisser à Cuba, purger notre colère et ce qu’il me restait de peine de la fin de ce travail, et de débuter cette nouvelle année gonflée à bloc, pleine d’entrain et d’envie de faire un truc qui compte.
Aaaaaahhhhh « FAIRE UN TRUC QUI COMPTE »…. Mais comment ça arrive à vous tomber dessus d’un coup d’un seul cette idée ? Votre vie se déroule plus ou moins sans accro, tout va bien, « ça roule »… Et puis un jour vous vous réveillez en vous disant « Putain, mais c’est quoi ma vie ? C’est faire un job qui me plait moyen, avoir une routine somme toute plutôt quelconque, sortir le vendredi soir, être en semi-coma le samedi, et aller faire mon footing le dimanche matin parce qu’il faut faire du sport dans la vie, c’est bon pour la santé ! » ?? Et là, d’un coup d’un seul, ça va plus… Vous avez soudainement un besoin vital, viscéral, de trouver une seule putain de chose qui fasse une différence, qui puisse vous faire vous sentir utile. Du coup, vous réfléchissez… Devenir bénévole dans une asso ? Améliorer votre vie perso pour l’écologie par exemple ? Changer de taff ? Et c’est en général par ce dernier point que vous voulez commencer. Parce que le boulot, on y passe toutes ses journées, de 9h à 19h, du lundi au vendredi. Et qu’on se tape tous les jours les mêmes têtes, les mêmes conversations, les mêmes « blagues »… Et que STOP, en plus ce qu’on vient y faire au quotidien, c’est plutôt chiant, malgré quelques missions intéressantes. Mais c’est surtout du vide. Quand vous dézoomez votre vie au bureau, comme sur Google Map, et que vous êtes en train de choisir la typo adéquate d’un post Facebook de votre communauté de 2 000 personnes, pour leur expliquer en quoi l’énergie éolienne c’est pas si ouf que ça en a l’air…. AU SECOUUUUUURS ! Mais en vrai, c’est quoi l’intérêt là ???? Pourtant, dieu sait que la com’ c’est vraiment ma passion, je me suis jamais vue faire autre chose, depuis que j’ai 18 ans environ. Mais toute cette passion et ses années d’étude pour en arriver là ? Merde, non !
Du coup, vous commencez à en parler à vos copines, vos potes, votre famille…. Leur dire que ça va pas trop, que vous vous ennuyez, que « vous avez fait le tour »… Mais rarement que d’un coup vous avez envie de changer le monde… Hahahaha ! Et puis, les gens sont assez enthousiastes « Mais oui, ça fait 4 ans, t’as raison, faut aller voir ailleurs, t’as besoin d’autres chose c’est normal ! ». Cool alors ! C’est bon, c’est décidé, je change de taff, je change de vie, je vais aller m’installer dans un autre pays, ça va être trop LE FUN, je vais rencontrer des nouveaux gens, vivre des tas d’aventures incroyables… PUREE J’AI HATE ! Bien, et puis à partir de là, vous faites… Bah rien du tout en fait. Vous avez juste maintenant cette pensée qui vous bouffe tous les matins avant d’aller prendre le RER, cette idée que vous vous êtes mis tout seul en tête (l’auto-inception toi-même tu connais) que votre vie c’est de la merde. Mais bon, chaud quand même de changer, non ? C’est fatiguant, ça fait flipper. Alors pour le moment, j’attends. J’attends d’être prête, ou un truc comme ça.
Et puis un jour, ça fait même pas une heure que vous êtes arrivé au boulot (à 1h30 de route hein), et votre adorable boss avec qui vous avez quand même noué quelques trucs en 4 ans de bons et loyaux services, vous annonce en gros que vous pouvez prendre vos clics et vos clacs et rentrer chez vous parce que bon… Maintenant, elle a une famille tu sais, donc bon, la stabilité c’est important et tout et tout. YESSSS, bah NICKEL MICHEL, alors je rentre chez moi.
Première réaction que j’ai eu : wahhh j’ai l’impression d’être dans un film ricain, en mode je fais mon carton avec ma plante en plastique, mes 2/3 dossiers « en cours » et la photo de mon chien.
Deuxième réaction : bon bah c’est top, moi qui attendait un petit signe du destin pour changer de vie, je crois que là ya pas trop plus évident, hein ! Et en plus, tout ton entourage est d’accord avec toi. Tu parlais depuis plusieurs mois de changement, c’est super, mais quelle aubaine. Ok, bah chouette alors !
SAUF que non non non ma petite, parce qu’un licenciement économique, c’est déjà un préavis à terminer (ça j’avais moyen intégré), des rendez-vous très très pénibles avec ta boss sur les aspects légaux, financiers etc de la fin de ton contrat, la mise en place de ton CSP*, et j’en passe. Mais c’est surtout une longue et douce pente vers la réalisation et la prise de conscience que 90% de ton monde tourne autour de ton travail, et que tu te retrouves du jour au lendemain avec aucun putain de but dans la vie.
La douche froide c’est aussi de réaliser que t’es finalement rien du tout pour ton entreprise. Quand tout se passe bien c’est génial, t’es indispensable. Mais quand on n’a plus besoin de toi, que t’aies été là pendant 10 ans ou 10 jours c’est LA MEME CHOSE. C’est là où je me disais que me réfugier derrière cette sorte « d’attachement affectif » à ma boite pour ne pas en changer parce que « si je pars maintenant je vais les mettre dans la merde »…. Mais les gens n’en ont strictement rien à foutre. S’ils te mettent TOI dans la merde pour leur petit confort, ils le feront sans hésiter, alors zou les remords, ça sert à rien.
Les premières semaines on été très difficiles. On m’a annoncé mon licenciement fin septembre 2019 de mémoire, et mon contrat ne prenait fin officiellement que le 8 novembre 2019. Le mois et demi le plus SYMPA que j’ai jamais vécu !
Les 2 mois qui ont suivi, j’ai décroché complètement de la sphère boulot. J’avais fait l’erreur de me remettre à chercher dès que j’avais appris la nouvelle, mais impossible de me projeter dans une autre expérience aussi tôt. Alors j’ai carrément tout arrêté. J’ai passé Noël en famille, je suis partie au ski pour le nouvel an avec les copains, je suis partie à Cuba pour la nouvelle année… Wahhh quelle belle vie finalement ! Et puis je m’étais fixée la deadline du 15 janvier, date de mon retour à Paris, date à laquelle fallait arrêter les conneries et se remettre en recherche.
Me voici de retour, toute bronzée, plutôt sereine face à moi-même et à ce que je dois faire maintenant. Je commence les rendez-vous avec ma conseillère CSP, je monte un dossier de financement pour trouver une formation en montage vidéo, je commence les recherches, je reçois quelques réponses, je commence à décrocher quelques entretiens. Qui ne passent pas pour le moment. Mais c’est pas grave, c’est que le début, ça va venir. Après mon école, j’avais mis 4 mois pour trouver mon premier poste, je me dis que là, avec mon expérience, je vais y arriver !
Erreur madame ! Les entreprises sont beaucoup plus indulgentes envers les jeunes diplômés que les jeunes actifs. C’est normal, bien sûr. Quand vous avez 4 ans d’expérience, vous savez faire des choses, vous êtes autonomes, vous savez vous organiser, etc… La liste est longue. Du coup, les entreprises vous attendent au tournant. Je sais que j’enfonce des portes ouvertes là, mais ya que moi qui ne savais pas a QUEL POINT on en attend de vous en tant que jeune actif ? Ok, j’ai bossé, j’ai eu des dossiers, j’ai fait des trucs… Mais j’ai pas TOUT fait. J’ai des lacunes, des manques dans certains aspects de mon métier. Et c’est normal, non ?! Pourquoi vous faites finalement plus confiance à un jeune dip qu’à un jeune actif ? Le manque de confiance, je crois que c’est ce qui me chagrine le plus lorsqu’au téléphone, on vous demande si vous avez déjà fait ci ou ça, que vous voulez être honnête et que vous dites non, mais que vous savez comment ça fonctionne, que vous vous sentez capable de le faire. Et puis que finalement, on ne vous fait pas confiance à vous, mais à quelqu’un qui a déjà fait. Je me mets à la place des entreprises, je sais que bien sûr c’est évident pour eux de se tourner vers le candidat qui a déjà fait. Mais comment on peut avoir TOUT fait ? Ya un truc qui m’échappe. Les fameux moutons à cinq pattes existent vraiment alors ? Purée, que je déteste cette expression dans les offres d’emploi…. On n’est pas des moutons, et on fait ce qu’on peut avec les 2 bras et les 2 jambes qu’on a !
Oui, aujourd’hui, j’en arrive à avoir de la rancoeur envers les entreprises, les grosses, les moyennes, les start-up… Juste ce monde du travail qui vous casse en deux un peu plus à chaque refus, à chaque non réponse… Qui vous fait vous sentir finalement comme une grosse merde vis à vis de vos expériences, de vos capacités, de votre envie de bien faire et d’apprendre. A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai plus envie. Plus envie de m’intéresser aux valeurs d’une boite lorsque j’écris ma lettre de motivation, plus envie de faire l’effort de me projeter dans un nouvel environnement quand je lis le descriptif d’un poste, plus envie de chercher des missions qui m’animent… J’ai perdu l’envie, tout simplement.
Ca me rend triste, parce que j’adore être active, m’investir dans des projets, développer ma créativité et ma sensibilité pour de nouvelles missions, mais personne ne m’en donne l’occasion, ni même la possibilité de le formuler. Ca me manque de ne plus travailler, tout simplement.
Alors, comme un grand philosophe l’a dit un jour, « la roue tourne va tourner »… Mais bon dieu, c’est long, et dur.
Bref, j’espère revenir le plus tôt possible avec une bonne nouvelle, pour faire le bilan, calmement… 🎵 A chaque instant !
C’est bon, vous avez la chanson dans la tête pour la journée ? 🙂
Alors bisous
Marine
Le CSP, c’est quoi ? En quelques mots, c’est le Contrat de Sécurisation Professionnelle, auquel vous avez le droit d’office lorsque vous êtes licencié économiquement d’une petite structure. C’est un système d’accompagnement personnalisé, que cela soit financier, ou dans vos recherches, mis en place par l’Etat. C’est très bien fait. Plus d’infos, ici
10 juin 2020 at 16 h 00 min
Bon courage pour ta recherche d’emploi !
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10 juin 2020 at 15 h 11 min
Merci beaucoup !! 😙
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