Hello !

Comment ça va vous ? Ca, c’est en général la première question que je pose à mes copines quand je les retrouve, mais on pourrait franchement commencer par la question posée dans le titre…

OUI, je crois que vous avez compris, aujourd’hui j’avais envie de parler de harcèlement de rue. Entre deux petites recettes estivales, j’adoooore aborder d’autres sujets plutôt sympas, comme mon licenciement, par exemple… Et maintenant ça.

Alors pourquoi j’en parle aujourd’hui ? Alors que c’est quand même un sujet récurrent, qui a été un million de fois abordé, partout et par tout le monde. Certes… Mais est-ce que le sujet est clos pour autant ? Est-ce que ça va mieux pour nous les filles ? (et les mecs bien sûr, mais c’est quand même plus les nanas on va pas se mentir). Et bien la réponse est NON. Et perso, je trouve même que c’est de pire en pire.

Alors bien sûr, dès que l’été arrive, on est quasiment « préparée » à s’en prendre plein la gueule dès qu’on sort de chez nous, mais cet été je trouve qu’on atteint des sommets. Peut-être parce que les sacs à merde qui nous traitent de salopes ont mal vécu leur confinement, je ne sais pas….

Toujours est-il que mercredi aprem, je suis sortie pour aller chez Hema acheter des lingettes et un allume gaz ; course pas vraiment sexy donc je n’avais pas mis mon plus bel habit de lumière. Et pourtant, 40 petites minutes de marche aller-retour m’ont suffit à me faire sentir en insécurité DANS MON PROPRE QUARTIER. J’avais eu le malheur de mettre un t-shirt léger rose pâle (donc un peu transparent) et un soutif noir. Alors peut-être que Cristina Cordula aurait un peu braillé parce que c’est pas ce qu’il y a de plus élégant… Mais j’ai même pas fait gaffe en m’habillant. Pendant ces 40 minutes, 3 mecs m’ont abordé en me traitant de salope et grosse pute parce qu’on voyait mon soutif, dont le dernier qui a commencé à me suivre tout en continuant à m’agresser verbalement. C’est un SDF qui était sur un banc quand je passais qui lui a demandé d’arrêter de m’importuner car, je cite, « ça se voit qu’elle a pas envie de te parler, laisse-la tranquille ». MERCI monsieur pour votre aide !

Déjà de base, je marche plutôt vite, mais là je suis arrivée chez moi presque en courant, en sueur, je n’avais qu’une hâte, c’était de me retrouver tranquille, dans mon appart bien fermé. J’avais eu peur. Peur d’avoir été faire une course, peur qu’un mec me suive jusqu’à chez moi, ou peur d’autres choses pires encore. Est-ce que c’est normal, ça ???

Alors oui, je sais ce que vous vous dites. Oui, c’est pas cool, mais rien de nouveau sous le soleil… Ok, mais MERDE QUOI ! J’avais besoin de l’écrire, de l’exprimer : un t-shirt transparent, une jupe courte, un jogging moche et sans forme, un short de running… RIEN N’EST UNE INVITATION. RIEN NE VOUS PERMET DE NOUS ABORDER, DE NOUS PARLER, et encore moins de nous INSULTER. RIEN.

Je me suis clairement dit en arrivant chez moi, sans m’en rendre compte « Purée, c’est la dernière fois que je mets ce haut c’est pas possible, je vais me faire violer ». Mais attends, si j’arrête de mettre un putain de t-shirt en lin, alors j’arrête de mettre cette robe là parce qu’elle m’arrive à mi-cuisse, puis du coup j’arrête de mettre ce short de running parce que quand je cours il remonte, et du coup j’arrête de mettre ça aussi…. NON. Juste NON.

J’arrive pas à croire qu’en 2020 on en soit encore là. J’arrive même pas à comprendre ce qu’il peut se passer dans la tête de ces mecs quand ils nous abordent, qu’on répond pas, et qu’ils se mettent à nous insulter de tous les noms. J’arrive pas à croire qu’on ne puisse pas éduquer les gens en général sur les problèmes que rencontrent les femmes au sein de la société. Ou au moins « élever les consciences » comme on dit.

Et comme je le disais plus haut, je trouve que cette année, c’est pire que d’habitude. J’ai lu beaucoup de témoignages sur les réseaux, de nanas choquées et qui trouvaient comme moi que c’était pire qu’avant. Un témoignage m’a marqué, celui de Lisa Gachet, qui a créé Make My Limonade. Elle sortait de son magasin avec une collègue, et un jeune d’environ 13 ans passe en vélo assez près d’elles, un peu dangereusement, si je me souviens bien. Du coup, Lisa le fixe, et le gosse lui répond dans le plus grand des calmes « Qu’est-ce que t’as à me regarder ? Tu veux que je te la mette dans la bouche ? ». Choquées toutes les deux par ce que ce gamin venait de leur dire, elles n’ont pas réagit.

Au-delà d’être gravissime, je trouve ça sérieusement inquiétant. S’il vous plait, éduquez vos enfants, éduquez-vous vous-mêmes, éduquez les gens autour de vous. C’est pas normal qu’un ado de 13 ans réponde ça du tac au tac dans la rue. C’est pas normal de stresser d’aller faire ses courses en short parce qu’on se fait zieuter de tous les côtés. C’est pas normal que dans une société civilisée, il se produise ce genre de choses.

Je me demandais tout à l’heure s’il y avait des pays où le harcèlement de rue n’existait pas, ou au moins presque pas. Est-ce que vous savez, vous ? Ca m’a aussi rappelé mon voyage à Cuba, où là-bas, le harcèlement de rue c’est carrément un sport national. Et je me souviens qu’on se disait avec Doria « bon allez, laisse, c’est pas si grave, ils sont comme ça ici ». Mais c’est finalement pas avec ce genre de réflexion qu’on fait changer les choses. Mais du coup, on fait quoi ? C’est une vraie question, à laquelle je n’ai malheureusement pas la réponse.

Tout ce que je peux dire aujourd’hui c’est : laissez-nous tranquilles.

Vous en pensez quoi vous ? Je suis curieuse d’avoir vos avis sur le sujet.

Bonne soirée,

Marine